La danse tahitienne est intimement liée à la langue. Ainsi nous dansons autant sur des textes en tahitien, qu'en français et en anglais.
La cérémonie des mots est directement issue de ce principe .
La toute puissance de l’écrit dénature le lien entre le mot et le mouvement.
Qu’est ce que le livre ? Rien d’autre que peau de chagrin, un verbe désincarné.*
« Il n’est pas de vérité, il n’y a de tangible que l’onde, du souffle, du son, du mouvement, de la lumière, du verbe, de l’eau, l’être qui le génère et les êtres qui le perçoivent. »
« E aha te puta e pa’ikeu, e puta putapu aau ! » ( Maheata Teavai 2007)
La dictature de l’écrit vient très certainement du rôle qui lui est attribué : un rôle de conservatoire de la mémoire, ou plutôt des bribes de mémoire d’un univers défunt, qui a définitivement sombré avec la christianisation.
Cette relation avec l’écrit dénature le lien qu’entretient la danse entre le mot et le mouvement.
Car l’écriture de la danse aujourd’hui est maintenant liée à l’écrit, à la littérature.
La sonorité du mot, sa vibration, son énergie, son pouvoir créateur ont une importance mineure pour la plupart des personnes impliquées dans la création chorégraphique, et s’effacent devant le sens du mot, devant une pléthore de mots, devant le sens et la qualité supposée d’une œuvre littéraire.
S’il est une exception en la matière, ce n’est que pour confirmer ce qui est maintenant la règle. Ainsi notre concours de danse annuel est-il doté d’un prix du meilleur auteur de spectacle. Un auteur peut y être primé indépendamment du classement du spectacle issu de son œuvre. La chose n’est pas rare..Un auteur peut être primé, alors que le spectacle ne l'est pas.
La relation entre l’écriture de la danse et la langue s’en trouve déséquilibrée. Les conflits entre auteurs et chorégraphes sont fréquents : certains conçoivent que la danse doit être à leur service pour donner vie à leurs textes, d’autres peuvent être frustrés que la danse ne reprenne qu’une petite partie de leur œuvre.
Aller à l’essentiel, ce sera donc …, avec la cérémonie des mots, pour commencer
Ecrire la danse en se reliant aux mots, à la sonorité, à l’énergie du mot autant qu’à son sens, lequel est d’ailleurs largement subjectif, car le mot est un univers dont la nuance varie avec celui qui l’entend
Aller à l’essentiel de la danse sera donc aussi s’affranchir du lien à l’écrit pour ne conserver que le lien à l’oralité du mot : le son et le sens.
Ecrire la danse en se reliant aux mots, à la sonorité, à l’énergie du mot autant qu’à son sens, lequel est d’ailleurs largement subjectif, car le mot est un univers dont la nuance varie avec celui qui l’entend.
Aller à l’essentiel de la danse sera donc aussi et s’affranchir du lien à l’écrit pour ne conserver que le lien à l’oralité du mot : le son et le sens.
C’est précisément en cela que l’écriture de la danse tahitienne contemporaine s’inscrit dans la continuité. Cette démarche peut alors être vue comme un retour à l’essentiel. Cette continuité est libératoire. Cette continuité essentielle alliée à l’originalité du mouvement dansé signe à elle seule la marque de fabrique « tahitienne » de la danse.
Le mot-univers engendre l’image kinesthésique, et l’image chorégraphique
... c'est ainsi que nous arrivons à proposer la cérémonie des mots
La gestuelle est signifiante, le pas marque un rythme, et vient à l’appui de l’idée générale.
C’est le mot et non la phrase qui fait germer et croître le mouvement dans le corps.
Relativement à l’écriture de la danse, le mot devient un univers. Le sens premier du mot, ou celui qu’il prend dans le contexte de la phrase, du texte, de l’œuvre littéraire est une limitation qui doit être dépassée.
Le mot-univers est une sonorité et un sens qui se déclinent selon l’imagination du danseur-chorégraphe .
le mot-univers entretient une relation assez lâche avec la phrase, et plus encore avec l’œuvre littéraire.
Le mot-univers est une sonorité, une idée, une image, une odeur, une sensation, qui se déclinent dans une créativité que ne figent pas les barrières du texte écrit.
Le mot-univers possède une sensualité qui se transmet au mouvement qu’il fait naître.
Le mot-univers engendre ensuite la géométrie dans l’espace du mouvement, et l’image chorégraphique se construit en même temps que le mot-univers s’expanse..
La cérémonie des mots
Il s’agit de donner vie aux mots issus des œuvres artistiques. Ou des manifestations de tout ordre, pourvu que celle-ci puisse être qualifiée de façon significative.
La cérémonie des mots s’applique en particulier aux œuvres littéraires, mais elle est aussi possible pour toute œuvre création artistique : l’artiste choisira les mots qui seront « mis en danse » pour leur donner vie, et donner un supplément de vie à l’œuvre.
Le principe peut aussi s’appliquer diverses manifestations, en une sorte de « baptême » païen.
Dans l’écrit les mots ne vivent pas comme dans l'oralité . Ils deviennent vivants lorsqu’ils sont dits, et plus encore quand la danse leur donne vie à travers le mouvement.
L’auteur , le peintre, le sculpteur, le musicien, voir l’homme politique ou le discours inaugural, pour lequel nous faisons une cérémonie des mots choisit par exemple huit mots qualifiant son œuvre. Ces mots sont mis en danse et en son, avec musique et déclamation, afin de leur donner vie et que ceux qui reçoivent l’œuvre la perçoivent comme particulièrement vivante., et sacrée.
Chaque mot est « attrappé » par le corps dansant , et transformé en une forme pensée quasiment matérielle. L’immatériel devient alors matière vivante.
Les ateliers mots-danse
C’est le volet pédagogique du programme.
Il y aura deux ateliers différents : l’un ouvert aux personnes qui ne pratiquent pas ou peu la danse, et qui souhaitent une découverte théorique intellectuelle de la danse tahitienne contemporaine. L’autre sera ouvert uniquement aux danseuses et aux danseurs professionnels.
Ces ateliers proposeront de découvrir concrètement le processus qui transforme le mot-univers en mouvement. Autrement dit le processus d’écriture de la danse tahitienne.
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